Poursuite Infernale

Publié le par Seb

Il est 17h, grand temps pour nous de chercher un endroit pour dormir car le soleil entame sa chute vers la nuit. Nous avons quitté le dernier bled (Rissani) pour prendre la route vers Erfoud dans le but de camper au milieu d’une palmeraie, à l’écart de la « civilisation ». Souvent les chemins qui croisent les axes routiers sont de bonnes opportunités pour trouver une étendue d’herbe pour nos tentes. Nous trouvons bien quelques endroits paisibles mais nous jouons les difficiles. Notre chemin nous conduit ensuite vers un village qui n’en finit pas de se prolonger encore et encore. C’est sûr, ce n’est pas ici que nous allons être au calme… A raison de sept enfants par famille en moyenne, les villages sont surpeuplés de bambins qui grouillent partout. C’est très « vivant ». Alors que nous le visitons, ce village nous surprend également. Le temps semble s’être arrêté ici. La vielle place de la mosquée respire la sagesse des vieux qui la remplissent. Dans les ruelles, les effluves de tajines se mêlent à la poussière des maisons de terre. Nous devons maintenant accélérer, il fait nuit à 18h30!  Comble du sort, nous aboutissons à un cul de sac. Les rires des enfants que nous avions semés nous rattrapent et d’autres les ont rejoints. Les vieux devaient bien rire en nous voyant passer et les paris ont dû fuser pour savoir avec combien d’enfants nous reviendrions à nos trousses.


C’est le début de la poursuite infernale. Nous traînons derrière nous une trentaine d’enfants qui courent, crient et rigolent. Les vieux nous voient repasser et rigolent aussi. Nous sommes l’attraction de la journée (ou du mois peut-être). Accélérations, sprint, doublements, tout cela nous amuse beaucoup jusqu’à ce que nous réalisions que notre cortège ne nous lâche plus… Le village distant de plusieurs kilomètres, les plus acharnés ont tenu le coup et nos lourdes montures ne font pas le poids face à leurs jambes toniques et leurs vélos tout légers. Dans un effort ultime, nous lançons le sprint final. Le but est de les semer. Nous maintenons une visite élevée et au moment où nous les perdons de vue, nous tournons dans un champ pour nous y cacher ! Epuisés, nous avons réussi. Il fait quasiment  noir et nous n’avons pas d’autres possibilités que de camper là où nous nous cachons, sur un petit bout de terre à cinquante mètres de la route principale…

Je pense alors à ce proverbe : « à vouloir mieux on a de fortes chances de tout perdre ».

Publié dans Maroc

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